En 1960, Nyon accueillait déjà un cyclocross

Départ du cylcocross national à Nyon en 1960

1960 : l’élite helvétique au rendez-vous de Nyon

Devant la popularité grandissante du cyclocross en Suisse romande, les membres du VC Les Francs-Coureurs décidèrent de franchir un palier dans l’organisation et de mettre sur pied une épreuve nationale destinée à l’élite helvétique. Coup d’essai, coup de maître malgré les difficultés à trouver un parcours à cause du début des travaux de la future autoroute Genève-Lausanne, au nord-ouest de Nyon. La date arrêtée fut celle du dimanche 31 janvier 1960. Tous les meilleurs spécialistes du pays s’y donnèrent rendez-vous, dont le champion de Suisse en titre, le Zurichois Emmanuel Plattner, mais aussi les Biefer, Hauenstein, Wetter, Strasser, Leutert, l’espoir Hungerbühler, les meilleurs Romands dont le Lausannois Boschetti et le Genevois Blein ainsi que nos régionaux. Une participation relevée à une semaine du championnat de Suisse  (7 février à Prilly), deux semaines du Mondial en Espagne (14 février à Tolosa) et trois semaines du championnat vaudois (21 février à Renens).

L’épreuve était ouverte aux professionnels, indépendants et amateurs A ainsi qu’aux amateurs B, juniors et séniors. Les dossards seraient remis de 11 à 13 heures  à la Confiserie-tea-room de la Gare, et les départs prévus à 14 h.(cat. B) et 15 h. (cat. A). La manifestation était placée sous le patronage (on disait ainsi à l’époque !) de Charly Guillot, patron de la confiserie,  en collaboration avec la maison Martini & Rossi et Ovomaltine qui assurait le ravitaillement. La planche des prix prévoyait 230.- francs pour le vainqueur et champion de Suisse (cat. A) et 150.- francs pour celui de la catégorie B.

Malgré l’enthousiasme et la motivation des organisateurs, dont l’ancien champion de Suisse Jean-Paul Bolay (1952), il avait fallu plusieurs semaines de recherche et de tractations avec les autorités pour arrêter le parcours définitif. Celui-ci était tracé aux abords immédiats de la cité, dans le quartier de la Combe-Clémenty, avec départ à la rue de la Combe. Il s’agissait d’un tracé difficile de 2 kilomètres à parcourir 11 fois, soit 22 km pour la catégorie A, et 7 fois, soit 14 km pour la catégorie B. La boucle comprenait 570 m. de routes et chemins, 1'150 m. de champs, 70 m. de terrain labouré, 170 m. de sous-bois, ainsi qu’un talus abrupt de 15 mètres et 30 mètres d’escaliers à descendre.

Ce cyclocross national de Nyon était la neuvième épreuve de la saison helvétique qui avait débuté en novembre 1959 à Meilen avec le succès de Plattner, lequel avait encore gagné à Gansingen, Erlenbach et Albisrieden. Mais le champion de Suisse avait dû s’incliner devant le jeune Hungerbühler (trois succès en cat. B et monté en Elite en cours de route), à Cham et Lucerne alors que deux victoires étaient revenues aux étrangers invités.

Un bon millier de spectateurs se pressaient sur le parcours par une température clémente et sous un beau soleil dominical. Le dégel avait toutefois rendu le terrain très gras et ajouté aux difficultés déjà nombreuses, dont le passage d’un ravin profond derrière le collège de Nyon. La boue collait aux roues des vélos et pesait lourd, provoquant une sélection sévère et impitoyable mais aussi un coup de théâtre avec l’abandon du favori, Emmanuel Plattner, double champion de Suisse 1958-1959 au quatrième des dix tours (le jury avait pris la décision de supprimer une boucle en raison des conditions très pénibles).

Plattner avait attaqué d’entrée mais il avait été rejoint puis débordé et distancé d’une vingtaine de secondes au tour suivant par son jeune rival zurichois Hungerbühler. Il avait aussi été dépassé par le Lausannois Roland Boschetti, notre meilleur Romand. Mal à l’aise sur ce terrain lourd, le moral atteint, il avait alors quitté la course sans gloire et filé à l’anglaise vers les vestiaires, au grand dam des spectateurs et des organisateurs…

La lutte pour la victoire avait ainsi tourné court car malgré sa belle résistance Boschetti, deuxième à 49 secondes, n’avait pu remettre en question la supériorité d’Arnold Hungerbühler qui signait à Nyon son troisième succès en Elite après avoir débuté en compétition quatre mois auparavant seulement, soit en automne 1959. A 21 ans, il se révélait comme le grand espoir du cyclocross suisse. Une semaine plus tard, il sera d’ailleurs sacré champion de Suisse, à Prilly, avant de récolter la médaille d’argent au Mondial, à Tolosa, derrière le grand spécialiste allemand Rolf Wolfshohl.

Quant aux autres Romands, ils n’ont pas été très heureux. Le Lausannois Marcel Nicod, victime d’une grave chute au bas d’une descente, a dû être emmené à l’hôpital et le Genevois Gilbert Blein, lui aussi victime d’une chute spectaculaire, a dû terminer avec un vélo d’emprunt ! Les résultats :

Catégorie A, Elite (10 tours = 20 km)
1. Arnold Hungerbühler    (Blitterwil)        1h18’26
2. Roland Boschetti        (Prilly)               à 49’’
3. Hans Strasser         (Regensdorf)             1’51
4. Edwin Biefer        (Aadorf)            2’50
5. Otto Hauenstein        (Faellenden)            4’16
6. Marcel Erdin        (Gaensingen)             5’13
7. Karl Wetter            (Schwamendingen)       6’16
8. Gilbert Blein        (Genève)            10’00
9. René Baer            (Lotzwil)            10’56

Catégorie B (7 tours = 14 km)
1. Franz Oeschger        (Wil)            57’24
2. Walter Kaspar        (Naenikon)        à 1’28
3. Giacomo Bellini        (Winterthour)          2’10
puis :
8. René Castella        (Lausanne)          5’10
9. Jean-Daniel Reymond    (Le Sentier)          5’15
10 Michel Chavaillaz        (Nyon)              5’19
15 Gilbert Haldi        (Nyon)              8’30

Bertrand Duboux

 

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Arrivée du vainqueur du cyclocross national de Nyon en 1960