Histoire du cyclocross

Le cyclocross : une vieille tradition

Dès ses premières années d’existence, le cyclocross (cross cyclo-pédestre pour les puristes de la langue française) a prouvé son utilité aux coureurs cyclistes. Cette activité nouvelle leur permettait notamment d’entretenir leur condition physique durant la période hivernale et aussi d’améliorer leur technique de pilotage en terrain difficile, ce qui en fait généralement d’excellents descendeurs lorsqu’ils se retrouvent au sein du peloton des routiers.

Le premier championnat de Suisse a eu lieu en 1912, remporté par Henri Rheinwald. Les Romands s’y sont toujours bien comportés, en particulier le Genevois Charles Martinet, cinq fois titré (1917-20-21-22-23), mais aussi les Vaudois dont Pierre Champion, trois fois sacré en 1946-48-51, le Nyonnais Jean-Paul Bolay (1952) ainsi que le Lausannois Roland Fantini, l’un de nos meilleurs représentants sur le plan national dans les années cinquante. Les routiers de renom s’y sont mis petit à petit, notamment Paul Egli, devenu champion de Suisse en 1922, Karl Litschi (1937), Robert Lang (1942), Ferdi Kübler (1945) ainsi que Fritz Schär (1947) et Martin Metzger (1949-50).

A partir de 1950, le cyclocross est devenu une véritable spécialité. Cette année-là a eu lieu le premier championnat du monde UCI (auparavant il s’agissait d’un Critérium international) remporté par le Français Jean Robic, vainqueur du Tour de France 1947. Par la suite les routiers ont dû petit à petit s’effacer et céder la vedette à des coureurs dont c’était devenu l’activité principale. Les Zurichois furent parmi nos meilleurs spécialistes sur le plan international, souvent médaillés au championnat du monde. En Suisse, ils trustaient les victoires avec Emmanuel Plattner (six titres nationaux entre 1958 et 1968), Hermann Gretener (six titres entre 1966 et 1973) et surtout Albert Zweifel, le recordman (neuf titres entre 1976 et 1985), dont les duels avec son malheureux rival Peter Frischknecht (champion de Suisse 1978 mais surtout douze fois deuxième entre 1969 et 1993 !) ainsi que Willy Lienhard ont contribué à écrire quelques unes des pages les plus épiques du cyclocross helvétique.

Au palmarès national, on trouve aussi le Vaudois Pascal Richard (1985 amateur, 1986-87-89 professionnel), le grimpeur Beat Breu (1988-90-94) dès la fin de sa carrière sur route, Beat Wabel (sept titres entre 1990 et 2003), Thomas Frischknecht (1997-99-02), Dieter Runkel (1995-96) et Christian Heule (six titres entre 2004 et 2011). Ces dernières années, la relève est assurée par Lukas Flückiger (2010-14) et le Valaisan Julien Taramarcaz (2012-13-15). Dans la nouvelle catégorie des Espoirs, dès 1997, se sont illustrés les Romands Yves Corminboeuf (2005-06-07), Taramarcaz (2009) et Arnaud Grand (2010-11).

En 2000 l’UCI a ouvert le cyclocross aux dames et l’Allemande Hanka Kupfernagel a été la première championne du monde féminine  à St.Michielgestel (Pays Bas). La Jurassienne Chantal Daucourt (10ème)  avait obtenu quinze jours auparavant le premier titre national féminin cette année-là. Au palmarès helvétique, on trouve cinq fois Alexandra Bähler et six fois Jasmin Ackermann. Ces deux dernières saisons, c’est la Zurichoise Sina Frei qui s’est imposée dans une discipline où les Romandes ont de la peine à s’affirmer. On note toutefois que la Jurassienne Lise-Marie Henzelin a terminé troisième en 2012 et 2013.

A défaut de pouvoir figurer au programme des JO, le cyclocross propose chaque année son championnat du monde pour les catégories juniors, espoirs, professionnels et dames, ainsi qu’un circuit international très fourni. Il s’agit d’une part des épreuves du Super-prestige (organisation privée en Belgique et Hollande notamment) et, d’autre part, de celles de la Coupe du monde UCI se déroulant généralement dans les pays où ces rendez-vous hebdomadaires attirent des dizaines de milliers de spectateurs : Belgique, Hollande, République tchèque, France et, cette saison, aux Etats Unis (Las Vegas). Jadis, la Suisse accueillait aussi l’une de ces épreuves majeures de la saison automne-hiver à Wetzikon, l’un des fiefs du cyclocross helvétique (Oberland zurichois). A l’époque où Pascal Richard faisait partie de l’élite mondiale, l’épreuve d’Aigle a connu une participation internationale et la Coupe du monde y a aussi fait étape en 2006 et 2010.

Le cyclocross, comme la piste, se révèle une excellent activité formatrice. Et cela dès les premières catégories (cadets, juniors, espoirs). C’est pourquoi le VC Nyon, par le biais de son école de cyclisme, porte son effort sur cette pratique qui se révèle bénéfique au fil des saisons et constitue un élément important de l’entraînement hivernal. Malheureusement les routiers actuels sont de moins en moins nombreux à pratiquer  le cyclocross en raison d’une saison sur route qui n’en finit plus et de la reprise des épreuves du World Tour à l’autre bout du monde en décembre-janvier déjà !

Voir les sites  www.accv.ch  et  www.cyclocross.ch

Bertrand Duboux / 31.8.15